Publié le 8 avr. 2025
À partir des années 2000, la chlordécone, un insecticide utilisé dans la culture de la banane aux Antilles, a été détectée dans des analyses d’eaux, une découverte réalisée pour la première fois par le laboratoire départemental de la Drôme. Cette analyse a mis en lumière la présence de cette molécule et a lancé un processus de surveillance plus large. Pour la Journée Modniale de la Santé, retour sur les premières étapes de cette découverte et sur la méthode d’analyse utilisée, un sujet crucial pour la santé publique.
« Les analyses de chlordécone sont un maillon clé dans la prévention des risques sanitaires, permettant ainsi d’anticiper et de réduire les impacts sur la biodiversité et la santé humaine. » Félix Massat, ex directeur scientifique de TERANA
L’initiative de ces premières analyses a été lancée suite à une demande adressée au laboratoire public de Valence par Éric Godard, ingénieur sanitaire en Martinique à l'époque. Ces analyses multirésidus dans les eaux ont été réalisées par le laboratoire de Valence dans le cadre du contrôle sanitaire
Les résultats ont révélé la présence d’une molécule jusqu’alors non ciblée dans les analyses de ce type : la chlordécone, mais aussi d'autres substances de la même famille, comme le béta HCH et le mirex. Ces dernières étaient utilisées pour protéger les plantations de bananes contre le charençon, un insecte ravageur pour ce type de culture. Cette découverte a mis en lumière une problématique sanitaire de grande envergure, en particulier pour la santé publique aux Antilles. [photo de charençon]
Pour évaluer l'étendue de la contamination, des plans de surveillance ont été mis en place, organisés par l’ANSES. Le laboratoire de Valence a analysé plus de 20 000 échantillons d’eaux et certains échantillons alimentaires (rhum, patates douces, bananes, fleurs locale, sols, poissons…), afin de mieux comprendre la diffusion de ces substances. En parallèle, une station de traitement d’eau potable a été construite en Martinique pour traiter les eaux contaminées grâce à des filtres à charbon actif.
Au début, l’analyse de la chlordécone était réalisée par chromatographie couplée à une capture d’électrons, une méthode qui a ensuite évolué pour s’adapter aux nouvelles techniques plus spécifiques. Aujourd’hui, c’est une spectrométrie de masse qui permet d’identifier et de quantifier la chlordécone avec précision, couplée à une chromatographie liquide haute performance (HPLC) qui sépare les molécules.
Les analyses sont réalisées sur une variété de matrices, notamment les eaux douces, les boues, les sols, les végétaux et les produits gras (comme les poissons). Ces échantillons nécessitent des préparations spécifiques, telles que la lyophilisation et l’extraction, avant de procéder à l’analyse de spectrométrie de masse.
En tant qu’acteur précurseur dans ce domaine et en collaboration avec des laboratoires de toute la métropole, TERANA joue un rôle essentiel dans la surveillance des contaminants et la protection de la santé publique.